Libération des 150 prisonniers politiques :Le régime Ouattara attend la rançon politique demandée.

Published on May 27 2014

En disant que " la justice peaufine la liste " des prisonniers politiques qui doivent être libérés, le régime Ouattara attendrait-il le paiement de la rançon politique demandée au FPI, à savoir la levée du mot d'ordre de boycott du Recensement Général de la Population et de l'Habitat (RGPH) pour libérer les 150 prisonniers politiques ?

Au sortir des discussions avec le régime Ouattara, le président du FPI Pascal Affi Nguessan, annonçant la libération prochaine de ces prisonniers politiques, avait dit que leur libération interviendrait dans " les heures qui viennent ", mais qu'il a été demandé au FPI la levée du mot d'ordre de boycott du RGPH. Il avait ajouté que cette levée du mot d'ordre du boycott dépendra des discussions avec le régime, et du comité central de son parti.

On pourrait en déduire qu'Affi Nguessan considère que le FPI et le régime Ouattara n'ont pas encore discuté sur le fond des questions que pose le RGPH, et donc on pourrait logiquement penser que le comité central du FPI, appréciant la situation, va demander la poursuite des discussions pour que le mot d'ordre soit levé. Le régime Ouattara craindrait-il cette éventualité ?

D'abord, on pourrait penser que la libération des 150 prisonniers politiques et le dégel des avoirs de 50 personnes ne sont pas le résultat des discussions que le FPI a eues avec le régime ce jour-là, parce que pour que la libération soit annoncée comme devant intervenir dans " les heures qui viennent ", il fallait avoir déjà pris des dispositions pour cela, bien avant même la rencontre avec le FPI. 150 personnes, ce n'est pas 10 personnes !

Ce raisonnement vaut également pour le dégel des 50 comptes puisque le procureur était déjà saisi, avant la rencontre avec le FPI.

On pourrait aussi penser, pourquoi pas, et c'est l'hypothèse la plus probable, qu'aucune disposition n'avait été prise, et que cette promesse de libération n'était en réalité qu'un appât pour arracher cette levée du mot d'ordre.

Tout porte à croire en tout cas, avec sa nouvelle posture, que le régime Ouattara a voulu éviter le débat de fond sur le RGPH en mettant en avant cette libération et ce dégel d'avoirs que le FPI lui, ne pouvait qu'accepter parce qu'il lutte pour que les prisons politiques se vident, et parce que cette libération et ce dégel n'étaient conditionnés à aucun engagement immédiat de sa part relativement au mot d'ordre de boycott. On peut le penser parce qu'Affi fait son annonce après la rencontre avec le régime.

En tout cas, ce que révèle la nouvelle posture du régime, c'est qu'il veut absolument une contrepartie à la libération des 150 prisonniers politiques sans rien lâcher sur le RGPH dont il ne veut même pas discuter parce que s'il y avait eu des discussions, Affi aurait également parlé soit d'un refus du régime de revoir certaines de ses dispositions, soit de la prise en compte de certaines revendications du FPI qui a toujours émis des critiques de fond sur cette opération.

La démarche du FPI a toujours consisté à demander la libération de tous les prisonniers politiques et non d'un nombre défini. C'est le régime Ouattara qui a voulu faire de ces prisonniers une monnaie d'échange.

Le FPI doit donc rejeter cette demande de levée du mot d'ordre du boycott que les ivoiriens suivent massivement, et appeler à la poursuite des discussions. Procéder autrement risquerait de fâcher beaucoup de monde parmi ses partisans, et même au-delà.

Alexis Gnagno

Image d'archives (abidjan.net)

Image d'archives (abidjan.net)

Written by Alexis Gnagno

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